Outre le lieu incontournable pour visiter le Namaqualand, Springbok est aussi la dernière bourgade importante avant la frontière namibienne. Lors de mes recherches de compagnons de voyage des semaines précédentes, j’étais entré en contact avec trois filles sur le site de Couchsurfing. Il y avait Astrid la française et Natsuno la japonaise qui avaient proposé de voyager ensemble, puis Emily la suédoise qui était intéressée par mon itinéraire. Les discussions avec l’une et les autres ont finalement tourné en discussion commune pour envisager une petite virée à quatre. Comme nous étions tous quelque part en Afrique du Sud nous avions convenu de nous retrouver à Springbok d’où on organiserait (ou pas) notre passage en Namibie.
Les présentations faites, on a commencé à définir un projet commun. Les filles n’avaient aucune idée de ce qu’il y avait à voir en Namibie mais ça leur importait peu, elles voulaient surtout rencontrer des gens. J’étais le seul un tout petit peu renseigné. Leur plan était de faire le plus de stop possible pour éviter d’exploser leur budget et rencontrer du monde, avec pour tout logement une tente deux places… pour quatre ! N’ayant encore jamais fait de stop elle m’ont trouvé un peu sceptique. Faire du stop dans un des pays les moins peuplés au monde (2,1 millions d’habitants pour une superficie plus grande que la France) et dont une bonne moitié est désertique ne me semblait ni facile ni sûr. De plus Natsuno n’avait que 5 jours à passer avec nous et voulait quand même voir un peu du pays avant de retourner au Cap. Nous avons finalement décidé que nous prendrions un bus pour Windhoek, la capitale namibienne et qu’on aviserait sur place avec une voiture de location. Je n’avais alors aucune idée de toutes les péripéties qui nous attendaient et de la chance qu’on aurait quotidiennement.
En attentant le lendemain soir nous avons fait plus ample connaissance au camping où la petite tente était plantée. La guitare d’Astrid et quelques bières fraiches ont fini par mettre tout le monde à l’aise avec la nouvelle situation. Comme voisins nous avions deux couples de retraités Afrikaners avec leurs caravanes. Ils nous ont très vite considérés comme leurs petits-enfants et le premier soir nous avons pu déguster quelques saucisses traditionnelles qu’ils avaient confectionnés. Au moment de s’entasser dans la tente pour passer notre première nuit, ils ont proposé à Emily de dormir sous l’auvent de leur caravane avec matelas, oreillers et couvertures. Elle a ainsi pu dormir comme un bébé du temps qu’on jouait aux sardines dans la tente.
Notre bus n’étant que dans la soirée du deuxième jour, nous avons profité d’un bon repos dans la pelouse du camping, à regarder une mangouste jouer à je t’aime moi non plus avec le chat du camping.
Vers la fin de l’après-midi nous avons reçu un texto de la compagnie de bus annonçant 3h de retard. On a donc pris notre temps et on a fini par partager le repas que les voisins avaient préparé. Ils nous ont même proposé de nous amener jusqu’à l’arrêt de bus.
A 20h nous nous sommes donc mis en route, avec plus d’une heure d’avance sur l’horaire indiquée par la compagnie. A deux dans chaque 4×4 voilà qu’on se dirigeait vers la station essence qui sert de gare lorsqu’on a vu s’éloigner notre bus. Incrédules, nous nous sommes arrêtés pour avoir des informations mais personne n’était très coopératif. La seule solution pour ne pas hypothéquer nos chances de bien commencer notre aventure namibienne était de rattraper le bus sur l’autoroute. Nous voilà donc remontés dans les voitures, et notre chauffeur de nous dire : « merci d’attacher vos ceintures ». Le ton était donné. Alors qu’ils roulaient comme de vrais retraités vacanciers qu’ils étaient en venant du camping, nos deux chauffeurs se sont transformés en vrais pilotes. La voiture de tête à 170km/h tentait de poursuivre le bus alors que nous nous trainions péniblement à 140. Après un petit quart d’heure nous avons fini par faire arrêter le bus à grands renforts d’appels de phares. Trop heureux, nous avons remercié tout le monde, nos pilotes, le chauffeur du bus, et nous avons jeté nos sacs dans les soutes avec un soulagement réel mais de courte durée. Nous n’avions même pas réalisé que le nom de la compagnie écrit bien en gros sur les flancs du bus n’était pas le bon. En suppliant le chauffeur nous avons cependant réussi à négocier un transport jusqu’à la frontière dans l’espoir qu’on y retrouverait notre bus. En effet, il y était, retardé par la présence d’un « colis suspect » en soute. Dans notre malheur on avait beaucoup de chance et on a enfin pu s’installer à nos places pour passer la nuit dans le bus.
En milieu de matinée nous avons découvert Windhoek et nous sommes mis en quête du centre commercial tout proche pour passer l’annuaire en revue et appeler toutes les agences de locations de voitures. La connexion était très mauvaise et tous les appels avaient la même réponse, « plus rien n’est disponible ». Nous nous sommes donc dirigés un peu inquiets vers une auberge de jeunesse pour avoir un meilleur wifi et tenter d’avoir accès à une douche. En arrivant à l’auberge Natsuno a croisé un compatriote japonais et comme elle adore discuter elle l’a accosté. Il venait tout juste de rentrer de quelques jours dans le désert avec une voiture qu’il avait louée à un particulier à prix imbattable et qu’il devait rendre 1h plus tard. Le coup de chance improbable. En 2h nous avions donc une voiture pour dix jours, une routière japonaise assez grande pour transporter quatre personnes, les bagages et des provisions de nourriture et d’eau. Nous avons décidé de partir le jour même pour Sossuvlei après avoir fait les courses pour cinq jours, des bidons d’eau, des conserves de haricots et de pâtes, des chips et des gâteaux et tout ce qu’on pouvait conserver aussi longtemps dans une voiture au milieu du désert.
Après 2h à rouler de nuit sur l’autoroute déserte, les choses sérieuses commençaient sur les pistes de graviers à 80 km/h. Des dizaines de kilomètres et quelques petites frayeurs plus tard nous avons trouvé un petit coin en retrait de la piste où planter la tente sur une étendue sablonneuse. Après un rapide repas nous nous sommes couchés, Astrid Natsuno et moi dans la tente et Emily dans la voiture.
Dans la nuit quelques bruits nous ont un peu effrayé mais au petit matin tout allait bien. Nous avons pris notre petit déjeuner avec comme table et bancs des morceaux de cartons pris en partant du supermarché.
Vers midi un bruit suspect nous a obligé à nous arrêter pour vérifier que tout allait bien au niveau des roues maltraitées par la piste chaotique. Une des rares voitures passant par là à ce moment s’est arrêtée. A son bord un fermier des environs avec des amis dont un suédois habitant à 20 minutes de chez Emily. Nous sommes repartis rassurés et avec un lieu où dormir en cas de besoin sur le chemin du retour. Nous sommes enfin arrivés au camp de base de Sossuvlei où nous avons négocié un bon prix pour passer la nuit afin de pouvoir profiter du coucher et du lever de soleil. Après nous être installés nous avons profité de la piscine où nous avons fait la connaissance d’une famille de québécois avant de partir découvrir la petit canyon de Sesriem.
En fin d’après-midi nous avons gravi les dunes de sable rouge pour assister au coucher de soleil. Un moment extraordinaire où le bonheur pouvait se voir sur nos visages. De retour au camping nous avons organisé un barbecue et avons convié les jeunes québécois pour partager un bon moment avant de nous coucher.
Il nous fallait nous lever avant 6h si nous voulions arriver le temps sur les dunes pour le lever du soleil, à 45 km du campement. Heureusement la route était belle et droite et nous sommes arrivés juste à temps pour le spectacle que nous avons admiré du haut des dunes.
Après avoir dévalé en courant des hauteurs sablonneuses nous avons poursuivi la route jusqu’à Dead Vlei, la mythique image symbole de la Namibie. Les derniers kilomètres ne pouvant se faire qu’en 4×4, et ne voulant pas payer la navette nous avons décidé de marcher et de tenter le stop si quelqu’un passait par là. Deux minutes plus tard on était à l’arrière d’un pickup conduit par un couple de français travaillant en Angola. On a fini par s’ensabler et on a découvert les joies du Dakar. Il nous a fallu creuser un peu sous les roues, pousser la voiture sur les côtés pour la faire se balancer de gauche à droite et petit à petit le sable est repassé sous les roues et a fait remonter la voiture. On pouvait finalement repartir. Encore quelques minutes de marches supplémentaires et on arrivait à Death Vlei, au milieu de ce décor incroyable, cette cuvette d’argile blanche plantée d’arbre morts depuis longtemps et entourée de dunes immenses de sable d’un orange vif.
La chaleur intense ne nous a pas empêchés de rester un très long moment à profiter de l’endroit unique. Nous avons retrouvé le couple de français pour retourner à notre voiture puis au camp avant de démonter la tente et de reprendre la route vers notre prochaine étape, Lüderitz, que l’on rallierait le lendemain après de longues heures de routes en solitaires au milieu des étendues magnifiques et désolées du désert du Namib.
Le vidéo de ces débuts namibiens :
Roadtrip en Namibie – Sossuvlei from Dans les pas de Nicolas on Vimeo.
Plus de photos dans l’album suivant :
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